L'Histoire du Vignoble Médocais

On sait que le vignoble existait déjà avant la conquête romaine.

Après l'achèvement de celle-ci, les vins issus de cette région semblaient être très appréciés par l'aristocratie de la Rome antique.

Le poète gallo-romain Ausone qui possédait un domaine en a laissé un témoignage.

Au moyen âge, ces vins connurent du succès en Angleterre et aux Pays-Bas, en effet, Bordeaux qui était un port Anglais à l'époque, offrait la possibilité d'exporter facilement vers des destinations lointaines par voies maritimes.

Les 18e, 19e et 20e siècles virent les vins de Bordeaux triompher à travers le monde entier. En 1855, la chambre de commerce de Bordeaux décidait, après une enquète approfondie, de classer officiellement les vins de Bordeaux qui étaient déjà célèbres par leur renommée.

Cette classification, complétée depuis, est toujours en vigueur.

Terre du milieu

-Le terme Médoc, dont l'origine semble antérieure à la conquête romaine, désigne tout simplement le pays du milieu ou "pagus medulorum", où vivait une tribu d'autochtones celtes, ancêtres des gallo-romains. Cette histoire est évoquée par René Pijassou (1), historien du Médoc.

-Le passé antique du Médoc viticole reste mystérieux. A une époque où les vignobles étaient essentiellement urbains, Ausone évoque marais, chasse et pêche... mais jamais les vignobles.

-Au Moyen-Age, on trouve une région déserte couverte de landes à l'extrême nord et plus au sud, des forêts, des prairies marécageuses et surtout des terres à seigle (ségalas).

-Au milieu de tout cela, quelques îlots viticoles autour des prieurés (Macau, Cantenac, Vertheuil, l'Abbaye de l'Isle) et des seigneuries (Castelnau, Lesparre, Latour et peut-être Blanquefort ). Les rares textes font état d'un liseré viticole, au Sud, de Blanquefort à Saint-Médard.

(1) Professeur René Pijassou, "Le Médoc", thèse de doctorat d'État (1978)

Terre à vigne

Dès le XVIème siècle, notables du Parlement bordelais et négociants constituent de véritables propriétés.

Ces "bourdieux" , nés dans les palus, les terres basses et marécageuses, gagnent les croupes de graves au début du XVIIème siècle. Et le dessèchement des terres marécageuses du Nord-Médoc, entrepris par des ingénieurs hollandais, laisse place à des terres à blé et des pâturages. Dans la seconde moitié du XVIIème siècle, les anciennes seigneuries du Médoc passent entre les mains de la noblesse de robe bordelaise pour devenir de grands domaines sur lesquels règnent les Ségur, Pontac et Brane. Vers 1760, la quasi-totalité du vignoble médocain est constituée.

Terre de qualité et de traditions

Le développement viticole du XVIIème siècle permet d'affiner la connaissance des terroirs. En 1677, l'anglais John Locke fait état de l'expérience médocaine d'une relation directe entre le sol et le vin. Vers 1720, un mémoire relatif à château Margaux indique que les meilleurs plantiers servent à faire le vin du propriétaire. Et à la fin du XVIIIème siècle, des correspondances de régisseurs attestent que la prise de conscience est achevée. L'alignement des vignes facilite les soins apportés à l'encépagement et les possibilités de labour à l'attelage. A la même époque commence l'amélioration des techniques de vinification. Dans la première décennie du XVIIIème siècle, prend naissance un type de vin nouveau, auquel les Britanniques, principaux importateurs, donnent le nom de "new french claret".

A partir de 1730, la généralisation de l'ouillage, du tirage au fin ou soutirage et du

méchage (introduit par les Hollandais) permet une meilleure conservation des vins. Par souci de sélection, on commence à séparer les premiers vins des seconds. C'est dans les chais du quartier bordelais des Chartrons, au bord de la Rivière, que sont alors élaborées les techniques de vieillissement. Au milieu du XVIIIème siècle, les notions de grand cru et de château, telles qu'elles sont conçues de nos jours, se mettent définitivement en place : depuis lors, elles se fondent sur une politique d'investissement à long terme, prenant en compte l'entretien du vignoble, sa reconstitution, l'amélioration des terroirs et des techniques et une conception nouvelle des chais.

Terre de Renaissance

Cette prospérité connaît un coup d'arrêt brutal, un siècle plus tard, avec l'arrivée du phylloxéra, du mildiou et de l'oïdium. Ces fléaux ont pour conséquence une restructuration du vignoble et l'apparition des porte-greffe américains. S'il reste encore près de 25000 hectares de vignes en 1880, l'exportation est au point mort. La crise des années trente stoppe une fragile reprise autour des grands millésimes 1921, 24, 28 et 29. Après la seconde guerre mondiale et les gelées de 1956, le vignoble médocain ne dépasse plus 6000 hectares à l'aube des années soixante. Commence alors un fabuleux travail de renaissance, par la rénovation et la modernisation des exploitations, par les progrès de l'oenologie et surtout, par la volonté des hommes.

Malgré la formidable expansion des surfaces sur le dernier quart de siècle, le Médoc n'a pas encore rattrapé sa superficie d'avant l'invasion phylloxérique. Le doublement en trente ans des superficies et des récoltes s'est accompagné d'une restructuration et d'une modernisation des domaines. Sur la dernière décennie, la viticulture médocaine a investi des milliards de francs dans la rénovation des bâtiments, la construction ou le réaménagement de chais ultramodernes, l'équipement des cuviers, des chais de vieillissement, la mise en place de structures d'accueil et la progression des surfaces plantées. Ces investissements colossaux témoignent de la confiance des viticulteurs médocains dans l'avenir de leurs appellations.