Château Pichon-Longueville Baron

Deuxième Grand Cru Classé

Second vin:

Les Tourelles de Longuevilles
Issu de la scission de l'ancien domaine de Pichon-Longueville, Pichon-Baron profite d'une situation exceptionnelle à proximité immédiate de Château-Latour: la moitié du domaine bénéficie donc d'un terroir identique à celui du célèbre premier cru, le reste du domaine étant constitué de parcelles de grande qualité. D'une qualité en constante progression, Pichon-Baron présente une robe profonde et dévoile une robustesse et une concentration qui peuvent lui conférer un caractère un peu abrupt dans sa jeunesse, mais sont prometteurs de moments formidables parvenus à maturité.

Le château de Longueville est situé entre les villages de Saint-Julien et de Saint-Lambert.  

Superficie: 70 hectares
 
Sol graves garonnaises
 
Encépagement:
60% cabernet sauvignon
35% Merlot
4% Cabernet franc
1% Petit Verdot
 
Âge moyen des vignes: 30 ans
 
Rendement: 45hl à l'hectare
 
Densité: 9000 pieds à l'hectare
 
Elevage en barique 15 à 18 mois
 
Production: 20.000 caisses

 

Il fut appelé autrefois "La Bâtisse", "La Bastide" ou "La Baderne".

Au XVIème siècle, la terre à l'est de la route appartenait aux seigneurs de Latour, celle située à l'ouest était le fief de la famille Montguyon. On trouvait quelques vignes à Latour, mais il n'y avait pratiquement pas de vignoble à La Baderne, tout au plus une ferme modeste et quelques communs entourés par des bois et des champs. Le premier Pichon qui nous intéresse est Bernard, fils de François de Pichon, né en 1602. Il épousa le 8 septembre 1646 Anne Daffis de Longueville, fille unique du Baron de Longueville.

Les Daffis de Longueville étaient une famille noble gasconne - Longueville est un village près d'Agen - et Présidents à Mortier au Parlement de Bordeaux. On raconte que Bernard de Pichon reçut à deux reprises Louis XIV, âgé de vingt ans : une première fois en 1659 et une deuxième l'année suivante lorsque celui-ci alla à Saint-Jean de Luz épouser Marie-Thérèse, infante d'Autriche. Pour réconforter le jeune roi, qui épousait la fille de Philippe IV pour obéir à Mazarin, Bernard de Pichon, alors Président du Parlement de Bordeaux, l'invita à sa résidence du Cours du Chapeau Rouge, et donna pour lui des banquets et des chasses. La Baronnie de Longueville semble être passée dans la famille Pichon avec la dot d'Anne de Longueville, épouse de Bernard.

Leur premier fils, François acquit de son côté l'importante baronnie de Parempuyre en épousant en 1671 Benoîte, fille unique de Jacques d'Alesme, qui possédait des propriétés au nord de Bordeaux. Né en 1649, Jacques, second fils de Bernard, fut appelé Baron de Longueville comme son père, après son mariage avec Thérèse des Mesures de Rauzan, le 9 février 1694.

A compter de cette date, la famille Pichon se divise en deux branches : Pichon-Parempuyre, descendant de François et Pichon-Longueville, descendant de Jacques. Jacques de Pichon, époux de Thérèse de Rauzan, acquit par son mariage des propriétés à Saint-Lambert que Pierre de Rauzan, son beau-père, avait commencé récemment à planter de vignes. Pierre des Mesures de Rauzan, le "sorcier de la vigne" comme on l'appelait alors, avait planté des vignes à Margaux dans son domaine de Gassies, qui avait autrefois fait partie de Château Margaux.

Il était donc logique qu'il s'attachât à planter également sa propriété à Saint-Lambert, située si près de Château Latour. La réputation du vin fut établie en quelques années. Dès la première moitié du XVIIIème siècle, le domaine ne cédait en renommée qu'à Latour, et produisait 30 tonneaux d'un grand vin, qui atteignait des prix de 4 à 500 livres d'or, à égalité avec Branne-Mouton. Jacques de Pichon mourut en 1731. Son fils, également appelé Jacques, lui succéda. La branche Parempuyre de la famille se consacra au Parlement de Bordeaux, et la branche Longueville au vignoble, agrandissant celui-ci et consolidant sa réputation.

Après Jean-Pierre de Pichon, fils de Jacques, le titre de Longueville passa à un certain Joseph, né en 1755 et mort à 95 ans en 1850. Ce Joseph épousa en 1784 une demoiselle de Narbonne de Pelet d'Anglade, et il eut d'elle cinq enfants. Raoul, l'aîné, devint Baron de Pichon-Longueville, Louis mourut célibataire en 1835, Sophie devint religieuse, Marie-Laure épousa le Comte Henri de Lalande en 1818, et Gabrielle enfin devint par son mariage Comtesse de Lavaur. Notre histoire se complique un peu lorsqu'on sait que Raoul, en 1819, épousa lui aussi une Lalande, Félicité, soeur d'Henri.

A la mort du vieux Baron Joseph, en 1850, le domaine de Pichon fut divisé. Une partie alla à Raoul, seul fils survivant après la mort de son frère Louis, l'autre aux trois filles. Pendant dix ans, jusqu'à la mort de Raoul, le domaine continua d'être administré comme une seule propriété. Marie-Laure Virginie, Comtesse de Lalande, commença alors à gérer la portion "féminine" de Pichon pour elle-même et pour le compte de sa soeur Gabrielle (Sophie, chanoinesse de Saint-Augustin, était morte quelques années plus tôt). C'est donc à partir de 1860 que les vins, celui de la "Comtesse" et celui du "Baron", furent faits séparément.

En 1851, Raoul, âgé de 64 ans, avait fait construire le château actuel pour lequel il prit pour modèle, dit-on, le château d'Azay le Rideau.

Cette nouvelle construction remplaça la vieille "maison noble", La Baderne, située à cet endroit avec ses bâtiments annexes depuis plus de 300 ans. Curieusement, cette génération de cinq frères et soeurs n'eut aucun enfant. Marie-Laure de Lalande légua sa propriété à sa nièce, mariée à un autre Lalande, le Comte Charles. Le domaine de Raoul alla à son cousin, lui aussi prénommé Raoul, un Pichon de la branche Parempuyre, qui prit le nom de Baron de Pichon-Longueville.

Le dernier Pichon-Longueville vendit son domaine en 1933 à la famille Bouteiller. Pendant plus de cinquante ans, le domaine fut administré par Jean Bouteiller, puis par son fils Bertrand.

En 1987, la société familiale, alors partagée entre quatorze propriétaires, fut acquise par Axa-Millésimes. Dès l'année suivante, les nouveaux propriétaires ont entrepris un important programme de rénovation du château et des installations techniques.


1997 : Le nez est expressif et dominé par un fruit mûr. La bouche révèle des tanins robustes qui rendent ce vin austère pour l'instant, mais le fruit au nez laisse présager une matière plus équilibrée. Globalement la matière est impressionnante, et ce vin aura besoin de temps pour s'assouplir et s'affiner. Apogée entre 2004 et 2010.

1998 : La robe paraît sombre, le nez complexe avec des notes de cassis, fumées et boisées. Ce vin semble assez sévère, mais il a l'allure du terroir, ce qui se traduit par des tanins fermes qui manquent cependant un peu de fruité. Bonne longueur.

1999 : Robe rouge rubis saturé. Le nez, ultra mûr, d'arômes de mûre, de réglisse, de noix grillées et de menthol révèle une note précise de confiture. En bouche, le vin est gras, souple et velouté, il offre une profondeur aromatique remarquable, une acidité faible et s'avère généreux. Sur la finale, à la longueur magnifique, les tanins énormes sont riches. Ce vin vieillira très bien grâce à sa structure tannique.

2000 : Couleur très intense, presque noire, reflets pourpres. Nez de fruits noirs, réglisse, légèrement toasté. Bouche onctueuse, charnue, aux tanins puissants mais veloutés. Très grande année.

2001 : La robe se présente d'une grande densité. Le nez très