Le Terroir alsacien

L'Alsace propose des terroirs qui s'expriment de manière très diverse dans le temps.

Il faut tout d'abord distinguer les sols légers des sols plus lourds.

  • Les sols légers (sables, granits).
  • Les sols plus lourds (argileux et marno-calcaires).

Les sols légers (sables, granits).

Ils sont rapidement accessibles et leur charme immédiat ne nous fait pas languir de longues années :

les terres sablonneuses sont éclatantes dès la mise en bouteilles et sont susceptibles pour un bon petit lot à devenir des vins "à médailles", récompenses chichement et fièrement exhibées par nombre de vignerons aux visiteurs égarés dans le vignoble qui repartent le coffre bourré de caisses de bouteilles à la collerette ornée et qui, les yeux brillants d'émotion, s'en repartent avec cette intime conviction que le hasard fait parfois mouche. De vous à nous, ce label est bien trop largement dispensé et il est préférable et bien plus sage de s'adresser aux hommes de talents dans ses priorités de visite mais surtout déguster, interpréter sans avoir de préjugés et sans être influencé.

les terres granitiques (d'une assez bonne dispersion dans le vignoble et parfois l'élément prédominant de quelques grands crus : Brand, Sommerberg, …). Ces crus nous font souffrir d'une attente un peu plus longue (deux à trois ans, mais leurs attraits sont moins fugaces que les vins des sols sablonneux de tenue plus évanescente car ils continuent à se bonifier essentiellement sur les surfaces classées en grands crus surtout sur quatre à six années.

 

Les sols plus lourds (argileux et marno-calcaires).

Ils réclament quant à eux une garde minimum de 4 à 5 ans. Il faut en effet laisser le temps aux constituants de s'intriquer puis de se fondre progressivement pour laisser place à un produit transfiguré et bien engoncé sur ses originalités épanouies.

Ainsi, un riesling qui provient d'un sol marno-calcaire (par exemple, le grand cru Kirchberg de barr) pourra, à l'aube de sa carrière, apparaître d'une relative bonne consistance de bouche mais donner l'impression d'un caractère sous-jacent un peu fluet et assez fragile, puis prendre une dimension insoupçonnée au terme d'une garde de 5 à 7 années (nez bien dégagé, un volume de bouche avec davantage d'harmonie, une texture qui se resserre et se prononce dans un accroissement de finesse et de complexité, notamment grâce à la dévotion de cette acidité bien fondue qui se moule parfaitement dans le corps du vin et qui à terme procurera dans la balance des sensations gustatives davantage d'allonge et de nuance).

A noter qu'à l'extrême un grand cru comme le Schoenenbourg oblige impérativement à une conservation d'au moins de 6 ans car entre la naissance et l'apogée de ce type de vin, c'est l'âge ingrat du travail intérieur où s'opère la secrète alchimie qui mènera à la plénitude.

Les terroirs de grès souvent associés au calcaire doivent aussi vieillir de nombreuses années. Les grands terroirs de schiste (de la commune d'Andlau) ou volcaniques (de la commune de Thann) et qui constituent des sols originaux sont ordinairement parés pour une très grande garde.